“Je veux terminer deuxième pour moi et pour KTM”
Quatrième de l’E3 à 36 points d’Ivan Cervantes son coéquipier et leader du championnat, voici une position inhabituelle pour Samuli Aro. Si le génial Finlandais avoue qu’il ne sera pas en mesure de défendre son titre cette saison, c’est avec son humour habituel qu’il nous fait part de son ressentiment sur ses résultats et sur le WEC d’une manière générale. Confessions du quintuple champion du monde d’Enduro.
ABC COM: Comment se déroulent les vacances de Samuli Aro?
Samuli Aro: L’été se passe très bien. En tout cas bien mieux que l’année dernière (ndlr : en référence à sa blessure grave au doigt lors d’une course estivale). J’ai travaillé un peu dans ma maison, même si je ne l’ai pas encore complètement terminée. Nous avons été occupés aussi par les matches de football de mon fils Emppu, et puis bien sûr j’ai consacré du temps à l’entraînement et j’ai participé à quelques courses du championnat de Finlande de Motocross MX2. Lors de la dernière épreuve, nous avions une super météo mais la piste avait été trop arrosée par endroits. Le WEC en Slovaquie a été un bon entraînement pour ça. Je termine troisième et deuxième tandis que Eero Remes gagne facilement les deux manches et s’assure le titre avant la dernière épreuve.
Il reste deux courses à disputer sur le MAXXIS FIM WEC et Ivan Cervantes est solidement en tête du général. Crois-tu que tu peux encore jouer le titre ?Aujourd’hui je pense que c’est devenu vraiment trop compliqué de se battre pour le championnat, Ivan a été très rapide et régulier jusqu’à présent. Sébastien Guillaume et Christophe Nambotin sont également très vites cette saison. Je vais essayer au moins de terminer deuxième du général, pour moi et pour KTM.
La saison dernière malgré deux blessures tu remportes le titre. Cette année s’annonçait beaucoup plus facile et pourtant tes résultats sont moins bons. Comment l’expliques-tu ?
Au début de la saison dernière je me sentais vraiment bien, et pourtant je ne m’étais pas beaucoup entraîné. Et puis lorsque je me suis blessé au doigt, c’est comme si j’avais perdu mon « Mojo ». Après cette blessure, c’était vraiment dur de revenir. Je souffrais en permanence, et c’était encore plus intense les lendemains de course. Mais j’ai pu défendre ma position et remporter ce titre. La préparation pour cette saison était à peu de choses près la même. Dans certaines spéciales, je peux être très rapide, et dans d’autres j’ai des difficultés à maintenir mon rythme. Ça ne vient pas de cette blessure, je n’ai plus de douleurs au doigt. ça vient juste du fait que je ne peux pas maintenir ma vitesse aussi longtemps qu’auparavant. Je crois que le problème est plus dans ma tête qu’ailleurs.
Penses-tu que tu as trouvé les limites de performance de ta moto deux temps, et les résultats auraient-ils étaient différents sur une moto quatre temps, comme Ivan ?
Ma moto a bien plus de potentiel que ce dont je suis capable de me servir cette saison. J’ai vu quantité d’endroits où j’aurais dû être plus rapide, mais le problème vient simplement de la position de ma poignée d’accélérateur… Je ne l’ai pas assez tournée ! Je n’ai jamais été capable de me servir de toutes les ressources de ma KTM 300. Il est certains que dans certaines portions de spéciale j’aurais été plus rapide avec la force et la puissance linéaire d’un quatre temps, mais sur la majorité des terrains le deux temps est plus léger et plus facile à piloter. Au début de la saison, j’ai réessayé les deux et j’ai décidé d’opter pour le deux temps 300cc car c’est tout simplement magique et fun à rouler. Alors je n’ai plus besoin de comparer les deux motos.
Que penses-tu du profil des courses cette saison, et laquelle as-tu préférée ?
Cette année, les courses ont été un peu plus lentes et donc plus difficiles qu’auparavant pour ce qui me concerne. D’une certaine manière on peut les comparer au profil de courses que nous rencontrions dans les années 90. J’avoue que ce ne sont pas mes conditions préférées, j’aime les épreuves plus rapides et plus typées motocross. Mais l’enduro n’est pas du motocross ! La course que j’ai préférée était le Grand Prix de Finlande à Riihimäki. Pas parce que c’était chez moi en Finlande, mais parce les spéciales y étaient rapides, et le Super Test comme l’Extreme Test étaient faciles. Les Grand Prix d’Italie et du Mexique étaient également magnifiques. Le Mexique a vraiment été une surprise pour tous, le tracé était vraiment très plaisant à rouler.
Plus généralement, que penses-tu de l’évolution globale du MAXXIS FIM WEC ?
L’évolution du WEC ces dernières années est très bonne. Les courses sont vraiment devenues plus intéressantes qu’avant, et tous les à-côtés dont le paddock offrent une vision beaucoup plus professionnelle de notre sport au public. Après, personnellement je suis un amateur d’enduros à l’ancienne, avec des spéciales larges et rapides et des liaisons difficiles. Comme je l’ai dit, je ne suis pas de la génération des Extreme Tests, je les trouve parfois trop dures. Pour y être performant, il faut vraiment prendre beaucoup de risques et être un peu chanceux. Les Extrêmes de Finlande et d’Italie étaient peut-être moins difficiles et nous arrivions à y maintenir une moyenne de vitesse assez élevée. En tout cas, les spectateurs adorent ça.
Tes amis finlandais Juha Salminen et Marko Tarkkala ont quitté KTM pour BMW cette saison. Même si Eero Remes a rejoint l’équipe, est-ce que l’ambiance a changé pour toi ?
Évidemment quelque chose a changé avec le départ de très grands champions comme Juha et Marko. Les Finlandais ne sont plus nombreux, nous ne sommes plus que trois au total. Mais je suis peut-être plus concentré sur mon travail, et un peu sur celui d’Eero que je conseille. Ce n’est pas un problème pour moi d’être entouré ou pas de pilotes de mon pays. On continue quand même de se voir sur les courses et parfois même en Finlande, on a donc l’occasion de prendre des nouvelles.
Sais-tu ce que tu feras la saison prochaine ?
Il y a encore beaucoup de choses à voir et caler pour la saison prochaine. Évidemment j’ai commencé à discuter avec KTM et j’espère que nous allons trouver une solution avant les prochains ISDE au Portugal.
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