Interview de Christophe Nambotin et Pierre-Alexandre Renet

Interview de Christophe Nambotin et Pierre-Alexandre Renet

« Ne pas s’affronter en course, cela fait notre force ! »

Inséparables à l’entrainement comme lors du repérage des spéciales, nous avons réunis Christophe NAMBOTIN (F – KTM) et Pierre-Alexandre RENET (F – HVA) le temps d’une interview croisée. A quelques heures du dernier KTM Super Test de la saison, les Champions du Monde E1 et E2 se confient sur leurs saisons et leurs projets…

Cela fait déjà un mois que vous êtes devenus Champion du Monde. J’imagine que vous avez plutôt bien fêté cela ?
Pierre-Alexandre RENET : « Pour l’instant, pas tellement. Le Dimanche soir après la course en Italie, étant donné que j’avais l’avion le lundi matin tôt, je me suis simplement fait un petit restaurant avec la famille et les amis qui avaient fait le déplacement. Et puis je me suis cassé le pied à Lumezzane et j’ai dû rester tranquille à la maison donc je n’ai pas tellement fêté le titre. Puis, il y a encore quelques échéances avant la fin de la saison. Entre la finale du Mondial, les ISDE et le Championnat de France qui n’est pas terminé, je pense que je vais réellement me lâcher en Novembre… »
Christophe NAMBOTIN : « Titre ou pas titre, j’avais déjà décidé de partir en vacances juste après l’Italie. Je ne l’ai pas fêté mais j’ai fait un break d’une semaine où j’ai totalement coupé avec la moto. Après, comme dit Pela, je n’ai pas voulu trop me relâcher avec les échéances qui arrivent et je veux surtout ne pas faire comme l’an passé où j’ai plutôt mal fini la saison à St Flour sur une grosse chute. Je continue l’entrainement jusqu’aux Six Jours mais j’ai déjà prévu une fête au mois de Novembre pour célébrer ce titre ! »

Par rapport à vos précédents titres, celui-ci a t il une saveur particulière ?
P-A.R : « Le premier avait déjà été concrétisé à l’issue d’une grosse bagarre avec SALMINEN, GUERRERO et CERVANTES mais c’est vrai que cette année, c’était tout de même sous  haute tension jusqu’à ce qu’Antoine (MEO) se blesse même s’il y avait encore Johnny (AUBERT) et SALVINI juste derrière. Mais comme SALVINI est arrivé diminué en début de saison puis est reparti à la faute en Grèce cela a donné un sérieux duel avec MEO jusqu’à ce qu’il chute. Le reste de la saison en a été changé. Je suis tout de même très content d’avoir mis fin à la domination de MEO en Enduro… Il a tout de même enchainé quatre titres ! »
C.N : « Durant l’intersaison, j’avais demandé à Fabio FARIOLI de passer en Enduro 1 et bien sûr je devais convaincre ! Le premier titre reste toujours avec une saveur particulière car cela faisait pas mal d’année que je courrais après. Mais celui ci a vraiment une saveur différente puisque personne n’y croyait… »
P-A.R : « … Personne, personne ! Moi j’y croyais ! »
C.N : « Une fois que j’ai eu demandé le changement, il a fallut que je roule de suite avec une bonne vitesse malgré mes blessures de la fin de saison dernière. C’est clair que cela a été compliqué. L’hiver a été difficile, je roulais avec Pela qui était en forme dès le début de l’hiver donc j’ai pas mal galéré au début... avec un doute quasi permanent.  Et bien sûr  les premières victoires dès l’ouverture du Championnat m’ont fait du bien ! »

Pour votre part Pela, n’avez-vous pas mal pris le fait que tout le monde annonçait un duel MEO – SALVINI en E2 ?
P-A.R : « Mal le prendre…bof !  Après, MEO venait de gagner une nouvelle fois l’E1, SALVINI avait réalisé une très grosse saison dernière en gagnant plutôt facilement l’E2 donc c’était un peu normal que les gens annonçaient un duel entre ces deux là… »

C.N : « … Ca t’énervait quand même… »
P-A.R : « … Non, je ne dirais pas que ça m’énervait, plutôt que ça me motivait encore plus. Je savais au fond de moi qu’il n’y aurait pas que le duel entre eux deux et que j’allais aussi être présent. J’en étais persuadé ! Je ne voyais pas pourquoi je ne pouvais pas me battre avec eux. La nouvelle moto me plaisait vraiment. L’arrivée des biellettes a considérablement changé le maniement de la moto. Dès que j’ai roulé avec, je sentais que j’étais mieux dessus puis physiquement j’étais prêt ! »

Christophe, si vous aviez à choisir désormais entre la 250 4T et le 300 2T, que choisiriez-vous ?
C.N : « Justement, la question est en train de se poser actuellement. Je n’ai pas encore vu avec mon manager mais j’ai bien envie de repartir sur la 250cc. J’ai passé beaucoup de temps sur la 300cc. Il y a des choses qui ne me plaisaient plus trop sur le 2T et je ne sais pas si elles sont corrigées et si je pourrais les accepter encore pendant une saison entière. Par contre, la 250cc a encore de quoi être développé. Je ne suis pas à 100% de ses capacités. Je prends du plaisir sur les deux motos mais pourtant j’ai très envie de repartir en E1… »

« Ravi d’avoir mis fin à la domination de MEO ! »

Donc aucune chance de vous voir face à face la saison prochaine ?
C.N : « Pour l’instant, on ne l’envisage pas du tout ! »
P-A.R : « C’est un peu ce qui fait notre force. On s’entraine tout le temps ensemble et forcément si un jour on se retrouve dans la même catégorie ce sera différent. Mais c’est grâce à cela que l’on arrive à être aussi fort. C’est clair que cela nous tire l’un et l’autre vers le haut à l’entrainement et même sur les courses. On compare nos trajectoires. Quand tu es concurrent direct, il y a une forte rivalité quelques part donc on risquerait de ne plus s’entrainer ensemble… »
C.N : « A l’avenir pourquoi pas mais pour l’instant je n’y pense pas. Pour ma part, je me donne encore trois saisons au meilleur niveau et ce serait un peu se tirer une balle dans le pied. Tout l’hiver on s’entraide. Par exemple durant la dernière saison, Pela m’a plus que motivé car j’avais pas mal de retard ! »

Pela, hormis l’E2, vous n’êtes pas intéressé par une autre catégorie ?
P-A.R : « L’an passé, comme je savais que NAMBOT’ descendait en E1, j’avais proposé à Husqvarna de monter en E3 mais ils n’étaient pas intéressés ! Chez HVA, je suis un peu… »
C.N : « … Le pilote numéro un ! »
P-A.R : « Oui on peut dire ça comme ça ! Forcément, ils veulent me voir dans la catégorie Enduro 2 qui est un peu la « grosse » catégorie actuelle. Husqvarna n’avait donc pas du tout envie que j’aille dans une autre catégorie que l’E2… »

L’an prochain, ils vous restent à chacun une année de contrat…
C.N : « Justement, il me reste une saison et j’aimerai beaucoup prolonger pour deux de plus. A court terme je me vois encore dans le circuit pendant au moins deux saisons. On va en discuter avec Fabio très bientôt je pense. J’ai envie de confirmer et de continuer à progresser en E1. Mais pour progresser et garder l’envie, il faut douter et si je ne sens plus ce doute, je chercherai alors un nouveau challenge. »

Malgré vos titres, vous visez tout de même la victoire à Brioude ?
P-A.R : « Oui, surtout en France ! C’est un Grand Prix important avec beaucoup de spectateurs, les amis et la famille qui viennent nous voir. On a envie de bien faire ! Puis le « Brave One » Trophy n’est pas encore gagné. Si je peux tout gagner je ne vais pas me priver ! »
C.N : « Et moi si je peux être derrière lui et le gêner jusqu’au bout, je le ferai ! Gagner en France c’est vraiment grand. On a eu la chance d’accrocher le titre un Grand Prix avant la fin de saison  et je n’ai donc pas connu le plaisir d’être titré en France… »
P-A.R : « Moi j’ai connu ça à Brignoles en 2012, c’était vraiment top mais je ne vais pas mégoter sur la possibilité d’être titré avant le dernier Grand Prix en France ! »
C.N : « Déjà, je ne veux pas finir comme l’année dernière (après une grosse chute le dimanche à St Flour et une vilaine blessure, NAMBOTIN avait dû décliner la sélection Française pour les ISDE). L’objectif c’est de gagner, mais les autres pilotes vont pousser aussi très fort. Pour Pela avec SALVINI et AUBERT en bataille pour la place de Vice-Champion et pour moi avec REMES et GUERRERO en seulement un point ou encore BOISSIERE et TARROUX pour la quatrième place. Donc ça va bastonner dur !»

« PHILLIPS sera Champion ! »

Quel est votre pronostic pour l’E3 ?
P-A.R : « PHILLIPS a tout de même 11 points d’avance et même s’il n’est pas à 100%, il arrivera à rouler. En plus entre CERVANTES, PHILLIPS et les autres il y a quand même une grosse marge donc si PHILLIPS arrive à assurer deux troisièmes places même si Ivan gagne, il sera titré ! Moi je dis donc PHILLIPS !"
C.N : « On va dire qu’Ivan n’a pas toutes les cartes en main. Il doit gagner mais il dépend aussi du résultat de Matthew. Je pense que PHILLIPS va être titré même si les tous les deux feraient un beau champion. En plus  ils ont connu un peu les mêmes problèmes physiques durant la saison et cela va se jouer à rien ! »

Craignez-vous PHILLIPS à l’avenir ?
P-A.R : « C’est un jeune qui en veut et qui ne se pose pas de questions. Quand je le vois rouler je me demande comment il peut faire pour aller encore plus vite; Il attaque déjà comme un malade ! Je ne sais pas trop ce que cela peut donner dans le futur. Il est fougueux et c’est difficile de savoir jusqu’où il va aller ! »
C.N : « C’est difficile de prédire l’avenir d’un jeune même si aujourd’hui, ce qui fait sa force c’est qu’il ne craint personne. Il va rouler aux Six Jours en E2 où il veut battre Pela. C’est aussi un de ses points forts, il ne regarde jamais derrière et veut toujours être le meilleur ! »

Un mot sur les ISDE… Visez-vous le titre ?
C.N : « C’est clair ! »
P-A.R : « On y va pour gagner c’est sûr ! On a pas la meilleure équipe mais on a tout de même un collectif homogène. On est tous affamés, des nouveaux sélectionnés jusqu’à nous. Les Australiens seront nos principaux rivaux  tout comme les Américains… »
C.N : « … On attend que Pela en mette grave ! J’ai été déçu d’avoir manqué la victoire de l’an dernier et de ne pas voir mon nom sur la plaque de Champion.  Et on va tous devoir se donner à fond ! »

Avez-vous quelque chose de prévue durant l’intersaison ?
C.N : « Entrainer le jeune au Touquet ! »
P-A.R : « Effectivement, il y a de grandes chances que je roule au Touquet cette année donc il va y avoir beaucoup d’entrainement dans le sable ! »
C.N : « Pour ma part, j’attends déjà d’avoir la confirmation de ma catégorie pour 2015. Mais je fais toujours du foncier dans le sable pendant l’hiver et cette année j’aimerai beaucoup avoir une 450cc pour voir ce que cela donne. Mais pour moi ce sera préparation à fond pour le premier Grand Prix ! Puis je me mettrai devant la télé pour regarder le duel attendu entre MEO et RENET au Touquet 2015 ! »

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